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Est-ce plutôt de la sidération, ou une difficulté à cerner le risque d’une escalade militaire imminente, voire l’accoutumance à un conflit qui dure depuis trois cents jours ? Après les deux opérations qui ont tué, coup sur coup, mardi 30 et mercredi 31 juillet, le chef militaire du Hezbollah à Beyrouth, Fouad Chokr, et le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran – la première revendiquée par Israël, la seconde lui étant attribuée –, les menaces de riposte de l’Iran et de ses alliés, jeudi 1er août, se sont multipliées contre l’Etat hébreu, agitant la perspective d’attaques visant le territoire israélien. Mais, face à cette perspective, l’opinion en Israël semble encore balancer entre crainte et triomphalisme.
« De nombreux Israéliens sont ravis de voir que le pays mène ces actions dures, indique Dahlia Scheindlin, analyste politique de la Fondation Century de Tel-Aviv, spécialiste des études d’opinion. Un sentiment de fierté prévaut dans une partie de l’opinion, qui estime qu’il est important d’être fort dans une région qui ne respecte que la force, et que la violence, au fond, c’est cela qui marche. Le problème est que personne n’a une idée claire sur ce que cela signifie exactement, ce qui est censé “marcher”, explique-t-elle. Là-dessus s’ajoute une peur réelle, pour certains. Ces jours-ci, on se salue en se disant : “A bientôt, sauf s’il y a la guerre.” C’est un autre aspect saisissant de ce qui arrive dans ce pays : le fait qu’on puisse parler en ces termes, alors que nous sommes déjà en guerre. »
Au milieu de ce flottement, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, s’efforce d’apparaître à la fois comme le garant de la sécurité de la nation et le seul cerveau clairvoyant à la manœuvre. Jeudi, en tournée d’inspection au commandement du front intérieur, le service de l’armée consacré à la protection civile, il a déclaré : « Israël est dans un état de très grande préparation pour toute forme de scénario, à la fois de défense ou d’attaque. Nous ferons payer très cher tout acte d’agression contre nous, d’où que cela provienne. »
La veille, dans une adresse à la nation, il avait tenu le même langage, mais aussi détaillé les priorités stratégiques d’Israël, toutes tendues vers l’Iran et ses alliés de l’« axe de la résistance », revendiquant l’initiative d’une confrontation avec les « trois H » (les houthistes au Yémen, le Hamas palestinien et le Hezbollah au Liban), qui en constituent le noyau dur. Les menaces de réplique de ses ennemis, dans ce cadre, semblent valider sa théorie. « Israël ne sait pas quelles lignes rouges il a franchies », a prévenu jeudi le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, en menaçant Israël d’une « riposte inéluctable ».
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